Témoignages
L’ambition du Comité international pour la renaissance de l’Afrique, CIRA, est très grande car il s’agit d’une mission humanitaire qui vise la santé pour tous en Afrique.
La première piste que le comité pourra emprunter serait peut-être celle de commencer par les campagnes de vaccination contre la poliomyélite et la rougeole. Il s’agira aussi d’envisager avec le concours de tous les Africains la prévention contre le paludisme.
La même chance de réussir
Nous allons aussi nous intéresser aux problèmes de l’éducation et de la culture, pour faire de telle sorte que les enfants africains aient la même chance de réussir leur vie scolaire. Il est évident que nous allons nous inspirer des projets que nous avons commencés à mettre en place au Congo-Brazzaville sous le label du Comité international pour la renaissance de Brazzaville, afin de les appliquer dans d’autres pays africains. Parmi les actions mémorables, on peut citer des milliers d’opérations pratiquées sur des patients qui ont eu la chance d’être traités par de grands chirurgiens français, à titre bénévole. Nous étions heureux de recevoir en retour la grande satisfaction de la population congolaise.
D’abord l’éducation primaire et la santé
Je sais qu’en Afrique il y a beaucoup de personnes qui s’occupent aussi des actions humanitaires et c’est une bonne chose. J’ai eu par exemple la chance de rencontrer au hasard de mes voyages à travers l’Afrique, Mme Abdoulaye Wade qui réalise des choses intéressantes au Sénégal. Elle s’intéresse beaucoup aux activités des femmes rurales… Je pense que le développement de l’Afrique passe tout d’abord par l’éducation primaire, la santé, et ensuite on peut parler d’autre chose.
J’ai été sidérée de constater que l’aide à l’Afrique était conditionnée par ar la démocratisation
Au sommet de La Baule (Paulette Decraene a été pendant trente ans l’assistante du président François Mitterrand), j’ai été sidérée de constater que l’aide à l’Afrique était conditionnée par la démocratisation des Etats et au respect des droits de l’homme. Je constate pour ma part que le premier droit de l’homme c’est de pouvoir assurer sa vie au quotidien, c’est-à-dire, comment envoyer ses enfants à l’école, comment les soigner et comment les nourrir.
Membre du directoire du Comité international pour la renaissance de l’Afrique, Mme Danièle Marie, assistante de direction du Délégué général aux affaires internationales du groupe Vivendi, nous explique les raisons de son implication.
“Mon adhésion aux actions du CIRA relève de l’intérêt que j’ai toujours porté à l’Afrique. Je me reconnais ainsi dans l’héritage de cette longue histoire commune entre la France et une partie du continent africain. Cette association traduit bien ces liens de citoyenneté solidaire entre les peuples des pays favorisés, comme la France, et ceux des pays en développement. Je suis de celles qui désirent militer en faveur d’un monde plus juste.
Travailler dans l’humanitaire, est-ce pour vous un devoir ou une passion ?
Plus que d’un travail, il s’agit d’un engagement. Plus que d’un devoir, il s’agit d’une foi. Celle qui consiste à placer la femme et l’homme au centre des valeurs. Par conséquent, la modeste contribution dans le domaine humanitaire qui est la mienne ne saurait être une façon de combler une oisiveté, ou celle d’éprouver de la condescendance vis-à-vis des Africains. C’est ma façon à moi de renforcer de manière constructive et utile, je l’espère, cette passerelle qui existe entre l’Afrique et la France.
Avez-vous la certitude que l’aide du comité parviendra aux destinataires ?
Mon souhait est que naturellement l’aide apportée par le Comité International pour la Renaissance de l’Afrique revienne à ceux qui en ont le plus besoin. Autrement dit, les populations qui bénéficient de notre action.
Quels souhaits formulez vous aux décideurs africains ?
J’estime très sincèrement que le développement de l’Afrique de même que la conquête de la place qui est la sienne dans le monde d’aujourd’hui repose fondamentalement sur un soutien dynamique de sa «société civile».
Ecrivain canadien de renom, Lise Aubut est aussi un imprésario qui a pris la décision de rejoindre le comité international pour la renaissance de l’Afrique. Interview :
Qu’est-ce que l’Afrique peut attendre de ce Comité ?
D’abord, une assistance réelle et pointue dans les domaines de la médecine et de l’éducation. Progressivement, le comité pourrait étendre son action à la mise en place de comités consultatifs et de coopérations dans d’autres secteurs-clés tels l’économie et la culture.
Est-ce votre première implication dans le domaine humanitaire ?
Oui. Jusqu’à maintenant je me suis impliquée davantage au niveau culturel en défendant au Canada le droit des auteurs et des compositeurs de chansons en luttant pour obtenir des changements à la loi et en créant avec Diane Juster et Luc Plamondon d’abord une association professionnelle, la SPACQ, puis une société pour la gestion collective de leurs droits, la SODRAC.
Avez-vous un message à adresser aux populations africaines ?
L’Afrique a devant elle un avenir prometteur à la condition de se prendre en main. D’abandonner certaines croyances au profit de connaissances scientifiques, d’apprendre à gérer sa richesse et à tenter de construire une société axée sur la santé la culture et l’économie, et d’aplanir ses luttes intestines. Les défis qui attendent les Africains sont de taille. Pour les affronter, les peuples africains devront s’unir et développer une conscience sociale forte. Sa richesse est immense et appartient à tous les Africains. Il faut à l’Afrique un projet de société consensuel. C’est l’implication des Africains qui rendra l’aide internationale efficace. Il y a actuellement une grande sensibilisation à l’Afrique de la part des pays du G-8. C’est le moment d’agir.
Membre du directoire du Comité international pour la renaissance de l’Afrique, Mme Bernadette Puiseux, qui a une longue expérience dans un organisme international d’entraide pour l’enfance, a bien voulu se prêter à notre interview.
Quelles sont les raisons qui vous ont poussées à faire partie du Comité international pour la renaissance de l’Afrique ?
J’ai une grande amitié pour la présidente du CIRA, Maria Maylin, et travailler avec elle est une joie. Depuis vingt ans, dans une organisation internationale, l’Unicef et son comité en France, je sais par expérience, le rôle essentiel des associations qui œuvrent pour le développement, comme le fait le CIRA. C’est dans ce cadre que s’expriment les solidarités réelles et immédiates. Nous devons tous avoir conscience de nos responsabilités. Chacun peut donner le meilleur en participant à une association efficace et ouverte aux autres.
Le Comité international pour la renaissance de l’Afrique est en majorité composée d’Européens. Qu’est-ce qui justifie ce choix ?
Je ne crois pas que votre analyse soit exacte. Le CIRA a choisi de regrouper Européens et Africains pour le bien de l’Afrique. La présidente du CIRA n’est-elle pas elle-même Africaine de nationalité marocaine, toute dévouée à son pays comme aux autres pays africains ? Elle a su s’entourer sur place de nombreux Africains, s’assurer de leur soutien et c’est cette démarche qui justifie mon choix.
Ne pensez-vous pas que l’image de la santé gratuite que vous donnez aux Africains aux travers des dons que vous faites peut les contraindre à garder un statut d’éternels assistés ?
Nous devons distinguer entre urgence et développement. Dans le cadre de l’urgence les soins gratuits sont justifiés, mais doivent être limités dans le temps. En ce qui concerne le développement, vous savez comme moi que les organisations internationales ont a cœur de responsabiliser et former des futurs cadres de santé. L’Unicef a lancé une initiative dite de Bamako (capitale du Mali) qui s’appuie sur les communautés de base pour assurer une part du financement des soins de santé. Cette initiative permet de sortir de l’assistanat que vous évoquer et donne à chaque personne un rôle actif dans la mise en place des systèmes de santé en Afrique et dans le monde.
Témoignages
Compte-rendu du Pr Claude Maylin, chef de service radiothérapie-cancérologie à l’hôpital Saint-Louis, Paris, sur le travail humanitaire en 5 ans au Congo-Brazzaville.
Dans le cadre du Comité International pour la Renaissance de Brazzaville (CIRB), nous nous sommes impliqués depuis cinq ans dans l’évaluation et la progression des soins médicaux au Congo. Nous avons toujours agi avec deux règles d’or.
Premièrement : une étroite coopération professionnelle, médicale et humaine avec les équipes de médecins, infirmières et techniciens du Congo.
Deuxièmement : par étapes progressives, après avoir déterminé le constat de la situation, défini les moyens mis en œuvre, effectué sept missions à ce jour, et aujourd’hui, en essayant de nous projeter vers l’avenir de nos actions.
Le constat
Au décours de la guerre de 1997, fin octobre 1997, une mission du CIRB a fait le constat de la situation sanitaire au Congo. A cette occasion, les uns et les autres, avons été traumatisés par les destructions effroyables de cette guerre civile dans les hôpitaux qui étaient complètement hors de fonctionnement. Nous avons alors rédigé un rapport que nous avons soumis aux plus hautes autorités de l’Etat, notamment au Président de la République. D’un commun accord, nous avons envisagé, dans le cadre du CIRB, plusieurs missions reposant sur la mise en œuvre de moyens médicaux et financiers.
Les moyens
Le CIRB a regroupé autour de lui, plusieurs institutions, des hommes et des femmes de bonne volonté, souvent bénévoles , et le soutien financier d’institutions congolaises et françaises. Parmi ces partenaires, le CIRB a réuni autour de ses membres :
L’Ambassade de France avec l’implication de l’Ambassadeur de France et de son épouse, et la coopération militaire française.
L’hôpital des Armées Pierre Mobengo de Brazzaville et les médecins du CHU de Brazzaville.
L’hôpital Saint-Louis avec une équipe de médecins bénévoles, professeurs de haut niveau, dans de multiples spécialités médicales et chirurgicales, des infirmières et des techniciens de maintenance.
Des sociétés privées telles que la General Electric, TF1, et laboratoires pharmaceutiques.
Enfin, la Présidence de la République qui a toujours été à nos côtés pour participer activement à tous ces projets.
Les actions réalisées à ce jour
Les projets d’avenir
Aujourd’hui, le CIRB propose de continuer cette coopération médicale et notamment :
Conclusion
Ces missions médicales françaises doivent s’inscrire dans une politique sanitaire au Congo aujourd’hui possible grâce à la paix civile. Ces missions ne seront d’autant plus efficaces que le Gouvernement congolais s’engagera dans une politique médicale de progrès associée à une vision sociale aujourd’hui nécessaire. C’est la condition impérative pour une efficacité possible et réelle dans ce pays au potentiel important.
Dr Roland Behar Lauréat de la Faculté et de l’Académie nationale de médecine, Praticien des hôpitaux, Psychiatre. Assistant du Pr Maylin, service de radiothérapie-cancérologie de Hôpital Saint Louis, Paris.
Le sujet est particulièrement d’actualité car les conflits entre les populations sont de plus en plus nombreux et violents, les moyens utilisés étant de plus en plus agressifs et destructeurs tant sur le plan physique que sur le plan psychologique.
D’autre part, les techniques de prise en charge psychothérapeutique sont actuellement très nombreuses, de plus en plus créatives, personnalisées, spécifiques, actives, rapides et épanouissantes car s’occupant de l’individu dans toute sa richesse et son individualité.
Quels sont les symptômes présentés après un traumatisme majeur ?
Les personnes après une telle épreuve vont alors développer très rapidement une série de symptômes que l’on peut résumer de la façon suivante dans un premier temps va alors s’exprimer un ensemble de symptômes qui vont s’extérioriser de façon très précoce et qui sera la toile de fond et la trame des symptômes qui apparaîtront par la suite. Il s’agit d’un tableau clinique qui va traduire le débordement et le bouleversement émotionnel du sujet avec agitation agressivité hypersensibilité pleurs et surtout terreur ou réactions de sursaut aux moindres stimuli.Puis le patient va traduire sa souffrance extrême en une série de symptômes très intriqués et qui correspondent à toutes les névroses connues en psychopathologie et qui seront alors présentes ensemble chez ce même individu en se développant sur le tableau clinique de base initialement décrit.
On relèvera en effet :
Actuellement il est possible de choisir ou de combiner de très nombreuses techniques de traitements psychothérapeutiques avec comme principe de base : Intervenir le plus précocement possible, établir un climat de confiance avec le sujet, éviter les hospitalisations prolongées qui créeraient des attitudes de régression et de dépendance et traiter les symptômes d’accompagnement, en particulier l’anxiété et dépression par des choix de molécules appropriées.
Quels sont les principales méthodes de prise en charge psychothérapeutique ?
Ensuite on l’accompagnera dans un état de relaxation pour une détente psycho corporelle la plus complète et la plus profonde possible. Cet état de relaxation recherché peut également s’obtenir par l’évocation d’un bon souvenir du sujet en le lui relatant dans ses différentes composantes psychosensorielles (toucher, goût, odorat, audition, vue). Après ce temps préparatoire le thérapeute utilisera des techniques de communication verbales spécifiques et personnalisées dans un but thérapeutique et en particulier des suggestions et métaphores c’est à dire « des histoires » reprenant de façon symbolique la souffrance du sujet et proposant en filigrane des évolutions vers des possibilités d’apaisement et par la suite d’épanouissement car il se produit une mobilisation de toutes les ressources psychologiques du patient qui seront alors perçues par lui multiples puissantes infinies et surtout disponibles dans l’avenir. Pour tous les symptômes d’accompagnement comme anxiété et dépression on utilisera des médicaments aux molécules récentes permettant d’éviter au maximum les effets secondaires tout en pouvant espérer une efficacité et une tolérance optimales. En conclusion il faut souligner que pour « combattre » toutes les composantes psychologiques des traumatismes de guerre on dispose actuellement « d’armes » très efficaces qui permettent de faire évoluer tous les sujets qui en auraient été victimes ou témoins vers leur épanouissement physique et surtout psychologique en leur permettant de retrouver ou de se créer un véritable état de « paix » intérieure.
Pr Emile Sarfati, Chef de service Chirurgie, Hôpital Saint-louis, Paris. et Pr Pierre Teillac, Chef de service Urologie, Hôpital Saint-louis, Paris.
«Maria Maylin’ est d’abord une femme enthousiaste qui ne compte pas son temps ni son énergie dans son travail.»
La mission que nous faisons dans le cadre du Comité international pour la renaissance de Brazzaville, est une mission humanitaire. Une équipe complète se déplace au moins trois fois par an à Brazzaville pour consulter et opérer les malades à l’hôpital militaire Pierre Mobengo. Cette équipe est composée de toutes les spécialités médicales et chirurgicales. En ce qui concerne notre spécialité, c’est-à-dire l’urologie, on s’occupe principalement de tous les traumatismes qui se trouvent sur l’urètre, le canal de la voie excrétrice et les pathologies de fistules végico-vaginales, qui sont très importantes, mais également toutes les pathologies utérines car il existe sur cette région beaucoup de gros fibromes utérins qui gênent les femmes pour avoir les grossesses.
On constate une nette progression aussi bien sur le plan des infrastructures que sur l’enthousiasme de médecins congolais.
A côté de cela, il y a aussi les pathologies tumorales qui elles, sont moins fréquentes que les pathologies que je viens de décrire et puis bien sûr l’ensemble des pathologies prostatiques car il y a un grand nombre de patients qui sont encore avec des sondes à demeure qu’il faut opérer de la prostate pour pouvoir les libérer de cette sonde. Depuis 1998, nous sommes à notre septième mission avec le Comité international pour la renaissance de Brazzaville mais chaque fois que l’on y va, on constate une nette progression et une nette amélioration des conditions de travail, aussi bien sur le plan des infrastructures que sur l’enthousiasme de médecins congolais.
Lors des premières missions, nous faisions tout nous mêmes et au fur et à mesure que les missions se sont déroulées, les malades ont été préparés par les médecins congolais qui se sont beaucoup impliqués en consultant les patients et en préparant ceux qui devraient être opérés, ce qui nous permet de diversifier notre travail de la façon suivante : Premièrement on assure les consultations en même temps que les médecins congolais parce qu’il y a énormément de consultations. Ensuite on opère les patients avec les médecins congolais. Le vrai but de cette opération c’est d’apprendre aux médecins congolais d’assurer localement la prise en charge des pathologies.
On opère de plus en plus en célioscopie, c’est-à-dire par de petits trous à travers la paroi abdominale ou par endoscopie c’est-à-dire par des voies naturelles.
Vous savez, le but d’une mission humanitaire c’est qu’elle puisse s’arrêter un jour. Le vrai succès d’une mission humanitaire c’est lorsqu’elle n’existe plus. En ce qui concerne notre spécialité, nous avons eu l’occasion de côtoyer à Brazzaville, des spécialistes congolais urologues ou chirurgiens qui sont capables de prendre en charge toutes les pathologies. Ils sont capables de faire les interventions, par exemple sur la prostate et rénales. A l’heure actuelle, l’urologie est une spécialité qui va de plus en plus vers l’endoscopie . c’est donc une spécialité très technique. Elle exige moins de chirurgies ouvertes délabrant comme on le faisait autrefois. On opère de plus en plus en célioscopie, c’est-à-dire par de petits trous à travers la paroi abdominale ou par endoscopie c’est-à-dire par des voies naturelles.
Mettre en route l’endoscopie
Comme on le voit, il est clair qu’à Brazzaville il est impossible de mettre au point toutes les techniques endoscopiques. On fait donc la chirurgie traditionnelle. Pour améliorer ces méthodes techniques, le prochain but de la mission à Brazzaville serait de mettre en route l’endoscopie. Mais elle nécessite une infrastructure qui exige un entretien permanent. C’est vraiment un point fondamental. Ce qui suppose un suivi extrêmement pointu sur l’ensemble de l’endoscopie.
Nous travaillons aussi au Maroc
Nous travaillons aussi au Maroc car nous sommes responsables d’une mission sur les transplantations rénales au Maroc. C’est une collaboration entre l’établissement français des greffes et les deux CHU marocains, c’et à dire à Rabat et à Casablanca. Nous avons effectué un certain nombre de missions sur les transplantations rénales qui nécessitent bien sûr d’avoir un donneur compatible avec le receveur. La plupart du temps c’est un membre de la famille. Progressivement, les chirurgiens marocains se sont impliqués avec les néphrologues marocains dans la prise en charge des patients transplantés. Les néphrologues sur le plan de la gestion néphrologique ; réanimation du patient et les urologues sur le plan de la chirurgie. Lors de notre dernière mission au Maroc nous ne sommes intervenus à aucun moment puisque tout a été fait par les médecins marocains eux-mêmes. Les six premières transplantations qu’ils ont faites ont parfaitement réussi.
La même chose avec Casablanca
La mission est terminée mais on reste en contact. Actuellement nous faisons la même chose avec le CHU de Casablanca et nous pensons que d’ici une ou deux missions les chirurgiens de Casablanca ferons eux-mêmes les transplantations.
Nous sommes heureux de travailler avec Madame Maria Maylin pour deux choses essentielles. C’est d’abord une femme enthousiaste qui ne compte pas son temps ni son énergie. Pour nous qui avons le travail chirurgical à faire, elle nous aide beaucoup parce que elle aplanit toutes les petites difficultés. Quand nous sommes un peu fatigués elle est toujours là pour nous réconforter. Sa présence nous facilite le travail. La collaboration que j’ai remarquée chez elle, c’est sa capacité à résoudre un certain nombre de difficultés.
Trois messages à la communauté médicale africaine
Le message que nous adressons à la communauté médicale africaine, qu’elle soit congolaise, marocaine et sûrement d’autre pays, c’est que le personnel médical africain a un enthousiasme très important et extrêmement dévoué vis-à-vis de leurs patients.
Deuxième message, nous sommes à leur disposition .
Le troisième message c’est que plus on arrivera à développer ce type de collaboration mieux sera pris en charge la pathologie en Afrique.
Témoignages
Ralph Pinto, journaliste, responsable de la politique internationale, France Inter, membre du directoire du CIRA.
Comme une fatalité qui accablerait un continent… L’Afrique fait parler d’elle par le malheur… Misère, dénuement, crises et guerres. Quand on «écoute…» l’Afrique, on reste cantonné dans le même registre. Et ces années se succèdent sans surprise positive.
Y aurait-il une malédiction sur des centaines de millions de nos contemporains ? Le personnel politique africain aurait-il renoncé à trouver et appliquer les bons remèdes pour sortir les populations du sous-développement ? Parfois une embellie nous enflamme. Petit espace de joie et de satisfaction. C’est le Sénégal qui représente l’espoir de vaincre à la coupe du monde de football. Et c’est l’Afrique tout entière qui est honorée. Mais très vite la parenthèse se referme et les mauvaises nouvelles reprennent le dessus. On retombe dans la corruption, on souffre de maladies, on subit les conflits qui épuisent les populations.
Pourtant les plans de réhabilitation ou de reconstruction se sont succédés avec les grands discours ronflants qui les accompagnent. Et autant les objectifs chiffrés vite oubliés. C’est dans cet environnement que, peu à peu, une nouvelle forme de solidarité est apparue ; au travers des cellules humanitaires. Dorénavant les ONG auront imposé leur réalité effective comme un devoir, comme une absolue priorité. C’est là la seule exigence qui nous anime, nous femmes et hommes du Comité international pour la renaissance de l’Afrique. Exigence de soulager le fardeau des plus pauvres qui manquent de soins et de soutien sanitaire et moral comme ailleurs déjà, au Maroc, au Congo-Brazzaville, nous avons la grande ambition de nous porter aux côtés de ceux qui souffrent sans même parfois oser crier leur désespoir.
Toutes les participations sont pour nous et pour eux les bienvenues. Et l’expérience d’un partenariat avec des industriels occidentaux et africains, avec des politiques de tous horizons, nous renforce. Sans aucunement dépendre de tel ou tel outil. En appliquant au contraire les pouvoirs établis et la société civile dans notre entreprise.
Nous proposons sans ingérence mais sans contrôle. Parce que nous avons acquis une pratique dans les domaines de la coopération. Nous serons exigeants et n’hésiterons pas à dénoncer toute tentative de manipulation. En un mot le CIRA ne se laissera pas «instrumentaliser.» Ce souci éthique qui nous anime c’est d’abord de créer les conditions les meilleures pour vaincre la souffrance. L’entreprise sera longue et rencontrera les obstacles. Mais elle saura définir des priorités et des situations d’urgence. Sans jamais recourir aux privilèges que pourraient nous proposer les agents obscurs. C’est également parce que nous travaillons bénévolement que notre mission va réussir. L’Afrique doit bénéficier de toutes les bonnes volontés. Mais le CIRA n’est pas une ONG de plus sur une liste déjà trop longue.
Avec la confiance des pouvoirs officiels ; les choses seront facilitées. Eux ont la charge d’organiser la société. Nous ne souhaitons pas d’autre faveur que celle de soulager la détresse sans passer de «contrat.» Sans apparaître comme supplétifs le CIRA s’organise sans doute de son utilité. Souhaitons-nous enfin une longue vie car le chantier est immense.
Propos suscités et recueillis par Adrien Wayi-Lewy, journaurnaliste éditeur, Brazzaville
Parmi les dons que le Congo a reçus, après la guerre de juin à octobre 1997, on peut citer ceux offerts par la République fédérale d’Allemagne. Comment ce don, composé de plusieurs tonnes de matériel bio-médical a t-il été obtenu ? Serge Michel Odzocki, chargé d’Affaires du Congo en Allemagne, explique :
Au cours de mon dernier séjour au Congo, j’ai eu l’occasion de prendre toute la mesure des dommages causés par les guerres civiles que notre pays a connu. Par ailleurs, j’ai apprécié à sa juste valeur le formidable élan de solidarité internationale qui se développait déjà en faveur du peuple congolais meurtri. A la suite des événements de décembre 1998 à Brazzaville et dans la partie sud du pays, la nécessité d’une aide alimentaire était devenue plus qu’urgente.
Grâce au concours du Dr Hans Peter Müller, consul honoraire du Congo à Francfort De retour à Bonn, j’ai résolu de solliciter auprès de nos partenaires allemands à travers des donateurs institutionnels et privés une aide humanitaire pour le Congo. J’ai notamment ciblé le secteur social et sanitaire à cause de l’état de délabrement avancé des établissements sanitaires du pays. Cette démarche paraissait plus logique car il est plus facile de mobiliser les donateurs autour de problèmes sociaux. La mise en œuvre de cette opération s’est avérée fructueuse grâce à l’efficacité de notre consul honoraire de Francfort, le Dr Hans Peter Müller. C’est donc grâce à son concours que nous avons reçu des équipements aptes à permettre aux établissements sanitaires d’améliorer la qualité de leurs prestations.
Concrètement qu’avez-vous reçu ?
Nous avons reçu au total 180 tonnes de dons. La gamme est très variée, du contenu va de la blouse d’infirmière à la table d’opération en passant par les lits et bureaux. A cela s’ajoutent des tonnes de médicaments de première nécessité. Il faut retenir, en ce qui concerne la qualité des dons, que l’ensemble est flambant neuf. La spécificité de ce matériel est qu’il peut aussi bien être utilisé en ville qu’à la campagne.
Au nombre des bienfaiteurs du Congo, figure en bonne place, le Comité international pour la Renaissance de Brazzaville, que préside Madame Maria Maylin. Quelle appréciation portez-vous sur l’action de ce comité qui s’apprête à élargir ses activités sur l’ensemble de l’Afrique ?
Le dicton le proclame, c’est dans le malheur que l’on reconnaît ses vrais amis. Cela vient de se vérifier encore une fois chez nous. Je me trouvais en mission à Brazzaville l’année dernière quand Mme Maria Maylin et son équipe de praticiens français sont venus bénévolement soigner de nombreux patients à l’hôpital central des armées Pierre Mobengo. J’apprécie particulièrement cette forme de coopération parce qu’elle est directe, efficace et exemplaire.
Un plan Marshall et plus qu’un changement de sigle dans lequel le Congo doit trouver son compte
Je salue la générosité de toute l’équipe et souhaite qu’il en soit toujours ainsi pour le grand bien de mon pays. Je salue également la création du Comité international pour la renaissance de l’Afrique qui intervient au moment où notre continent par deux actes complémentaires et historiques exprime aujourd’hui sa ferme volonté de se préoccuper prioritairement désormais de son développement économique et social : il y a d’abord la création de l’U.A. (Union Africaine) en lieu et place de l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine.) C’est bien plus qu’un simple changement de sigle. Il y a ensuite la mise en œuvre du NEPAD (Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique,) un nouveau plan Marshall pour l’Afrique, cette fois-ci. Dans l’un ou l’autre cas, le Congo doit trouver son compte. J’ose espérer que la nouvelle organisation panafricaine de Mme Maria Maylin maintiendra et intensifiera son action au Congo.
Adrien Wayi-Lewy : L’esprit de partage est-il héréditaire ?
Le propos peut vous paraître curieux mais la naissance d’une grande vocation au Maroc par l’enseignement transmis à Maria Maylin par ses grand-parents et ses parents, ainsi qu’un événement au détour des couloirs d’un des plus grands hôpitaux français, curiosité de journaliste oblige, m’amènent à me poser et à vous poser par la même occasion la question suivante : l’esprit de partage de la présidente du Comité international pour la renaissance de l’Afrique, est-il héréditaire ?
L’événement pris isolément, pourrait à première vue, paraître banal. Des enfants offrant des cadeaux à d’autres enfants. Quoi de plus normal, diriez-vous ? J’aurais pu ne pas y assister à la scène mais le hasard, au lieu de me conduire sur une plage ensoleillée en ce jour d’été, m’a mené tout droit sous les néons des dédales de couloirs de l’hôpital Saint-Louis à Paris où je faisais une enquête en vue de la publication d’un numéro spécial consacré aux activités de ces hommes et de ces femmes au si grand grand cœur, réunis au sein de l’action du CIRA.
Les maladies et les enfants malades n’étaient pas en vacances. Rima Maylin, (ce nom vous dit quelque chose ?) eh oui, une des filles de Mme Maria Maylin, sa dernière née d’une famille de trois filles, a agréablement surpris le personnel soignant du service hématologie pédiatrique de l’hôpital Saint-Louis, le 3 juillet 2002, en offrant des cadeaux aux enfants hospitalisés.
«Je pense que le petit cadeau que je viens d’offrir à ces enfants leur fera un peu plaisir» a t-elle déclaré, toute timide, après avoir accompli son beau geste.
Le don comprend des sacs à dos, des tee-shirts, des disques CD et des petits sifflets . Cette action n’a pas laissé indifférent le personnel hospitalier. La surveillante générale du service hématologie pédiatrique, Mme Edith Simona, a indiqué que la petite Rima venait d’accomplir «un geste de cœur et d’amour pour le bonheur des enfants malades.»