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Le père Noël fait des heures supplémentaires à Brazzaville CIRA : derrière la fête, quels véritables enjeux ?

Par Hauloury Bengoubi, « Le Choc » n° 309 du 28 janvier 2003, Brazzaville

Ambiance de grande fête à Brazzaville le samedi 11 janvier 2003 sur les rythmes du Matsiémé, un ensemble traditionnel congolais de renommée internationale, qui perpétue le rituel du royaume Téké, ainsi que sur les sons de la compagnie Ngoma za Kongo (les Tambours du Congo) créée en 1999 par l’entrepreneur culturel Léonard Baniekona ou encore l’orchestre de Kim Douley (Clotaire Kimbolo) sur scène avec bien sûr… le grand artiste français annoncé, Francis Lalanne, venu spécialement de Paris avec sa guitare légendaire, aux côtés du Comité International pour la Renaissance de l’Afrique (CIRA) chanter avec et pour près de 3000 enfants dont 500, se sont retrouvés confortablement installés dans les sompteux fauteuils de velours rouges du grand amphithéâtre du Centre Culturel Français, Espace André Malraux : « Matondo… Maria… na Congo … pe na Afrika … » (Merci… Maria… au Congo et pour l’Afrique) scandaient t-ils en cœur en dansant, en ouverture de séance à l’adresse de la présidente Maria Maylin, du CIRA qui venait de les accueillir individuellement.

Ce Comité, qui veut faire de l’ancienne capitale de la France libre, une sorte de base arrière pour la coopération et l’aide médicale vers l’ensemble de l’Afrique, n’en est pas, bien-sûr, à son premier essai et la mécanique est bien rôdée. Il ne semble pas exagéré de dire que c’est un véritable traitement de chefs d’Etat qui a été réservé à ces enfants d’origine modeste, issus de divers orphelinats et établissements de soins ou scolaires de Brazzaville. Chacun a reçu un carton en couleurs, personnalisé à ses prénoms et nom de famille. Quelle organisation !

Ce jour-là, il y avait des officiels dans la salle, mais les véritables invités de marque étaient les enfants. Aucun bonbon ni croissant n’est tombé à terre. Les enfants, qui portaient fièrement des bracelets d’identification de couleurs différentes selon l’établissement, sont restés sages et disciplinés jusqu’au bout, comme des anges. Mais quels sont les véritables enjeux derrière les anges, la fête ou la pluie de cadeaux à des enfants certes démunis, mais qui savent rester dignes, exprimant à qui veut les entendre, une envie de vivre toute communicative ?

Décidément, le père Noël n’est pas une ordure. Il a, en effet, tenu la promesse faite aux enfants malades (et ceux en bonne santé), aux nombreux artistes de la chanson, aux comédiens et acteurs, aux médecins aux chefs de service, au personnel soignant, aux personnalités de tous horizons, mais aussi aux mille et un bénévoles de l’ombre et du quotidien qui étaient présents le mercredi 18 décembre 2002 à l’hôpital Saint-Louis de Paris, service de cancérologie-radiothérapie pour la cérémonie de l’arbre de Noël, organisé par le Comité International pour la Renaissance de l’Afrique, et tout cela, sous l’œil Vigilent du Colonel Vautrey, Attaché militaire à l’Ambassade de France à Brazzaville.


Solidarité avec les enfants africains

Ce jour-là, comme l’écrit un confrère de la presse congolaise, « les cœurs ont brillé jusqu’à l’Afrique » et les enfants de Paris ont convaincu le père Noël de poursuivre son travail en heures supplémentaires pour acheminer les montagnes de cadeaux issus d’une mobilisation générale aux côtés du CIRA pour apporter joie et réconfort aux enfants hospitalisés, notamment pour des maladies graves, et ceci, en solidarité avec plus de trois mille enfants africains qui fêteront ainsi un Noël un peu en différé ou un Nouvel an avec le sourire.

En séjour à Brazzaville du 6 au 13 janvier 2003, la délégation du Comité International pour la Renaissance de l’Afrique conduite par sa présidente, Maria Maylin, a donc ainsi redonné la joie de vivre à près de 3000 enfants admis dans les orphelinats, hôpitaux et différents établissements scolaires de Brazzaville. Le spectacle organisé en leur honneur s’est déroulé dans la somptueuse salle du CCF, avec comme invité surprise, le célèbre chanteur et auteur compositeur français Francis Lalanne, qui s’est résolument engagé aux côtés du CIRA. Il était accompagné par l’orchestre du Congolais Kim Douley.


Les invités d’honneur étaient ponctuels

Arrivés une demi-heure avant l’ouverture de la salle à bord d’une série de fourgonnettes de marque japonaise si familières du paysage brazzavillois, les invités d’honneur du jour, étaient tous impatients à l’idée de rencontrer « papa Noël » comme on dit ici et brandissaient fièrement leur carton d’invitation.
Les enfants étaient accueillis dans un ordre impeccable, tambours battant sur l’esplanade principale et latérale du CCF avec des percussions traditionnelles des groupes congolais cités plus haut. Après la pose des bracelets, ce fut l’installation des enfants et de plusieurs personnalités congolaises et observateurs en poste à Brazzaville dont l’Ambassadeur de France, M. Jean-Paul Taïx. L’Ambassadeur Georges Ouegnin de Côte d’Ivoire, était également présent. Du côté congolais, on notait notamment le ministre Ossetoumba Lekoundzou Itihi, président du groupe parlementaire de la majorité présidentielle à l’Assemblée nationale.


Le père Noël s’est fait gronder …

Ils ont tous partagé le bonheur des enfants, dans un climat d’allégresse générale où personne n’a résisté au rythme des chansons d’animation et d’accueil des enfants, en parfaite complicité avec un porte-étendard de la chanson congolaise, Kim Douley, qui savait toucher le cœur des enfants. Même les religieuses qui les accompagnaient n’ont pas résisté aux pas de danse, debout devant leur fauteuil. C’était une ambiance quasi « magique » qui nous rappelle qu’on est ici vraiment dans la capitale, avec Kinshasa, de la musique africaine ! A vrai dire, tous les enfants étaient heureux de retrouver «Maman Africa » (comprenez Maria Maylin), assistée de Paulette Decraene et Danièle Marie, toutes membres du CIRA et le père Noël, bien sûr, qui s’est fait gronder pour tout le temps mis pour venir jusqu’à Brazzaville. Mais « le chemin était long pour rassembler tous les cadeaux et retrouver Francis Lalanne pour le ramener ici », de plus il neigeait, a t-il dit, et une petite grippe l’avait « cloué au lit ». Vite pardonné par les enfants, impatients de découvrir les montagnes de cadeaux et de friandises qui brillaient sur scène dans une décoration végétale magnifiquement mise en place par un fleuriste local sous l’oeil bienveillant de Nicolas du CCF et de l’équipe du CIRA.


La souffrance n’a ni couleur, ni pays

Après avoir brièvement rappelé les principales étapes du CIRA depuis la naissance il y a 16 ans de l’idée au Maroc à partir d’initiatives ponctuelles, l’étape CIR Brazzaville au sortir en 1997 des conflits civil au Congo, et la présentation officielle du CIRA, une des rares ONG invitée au dernier Sommet de la francophonie à Beyrouth par les autorités libanaises, Azad, la présentatrice de la journée a, au nom des enfants congolais notamment, salué les enfants de Côte-d’Ivoire, qui se sont vus cette année « voler » leur Noël en raison des événement douloureux qui agitent ce pays frère.

Un court film réalisé par la télévision française TF1 pour le CIRA a été projeté sur le grand écran du CCF, et a transporté l’assistance, quelques instants dans les chambres stériles et les couloirs de l’hôpital Saint-Louis à Paris pour l’émouvante cérémonie de l’arbre de Noël organisée par le CIRA le 18 décembre 2002 avec les artistes Paul Copo, Eva (Star Académie), le Groupe Organiz, Corine Hermès, Hugo (Ile de la Tentation), Francis Lalanne, Cathérine Lara, Roméo Sarfati, Enrico Macias, le Groupe Makouya du Congo-Brazzaville, Manolo (Gipsy King), Choukry Kourik (le chorégraphe marocain qui a réglé la maginifique prestation « Claude François » pour et par les enfants, les « 5 Claudettes », Pauline, Rima, Sarah, Billie-Jean, Jessamine, Cindy-Rose (une des plus jeune chanteuses françaises), Scottie, Vigon, Thierry Galie et la chanteuse Lady.


Je suis le roi du monde …

Après un magnifique tour de chant à la guitare, accompagné de l’orchestre de Kim Douley, Francis Lalanne a magistralement communié avec les enfants congolais qui n’ont eu aucun mal à lui démontrer, malgré les difficultés qu’ils vivent au quotidien, qu’ils ont bien la musique dans la peau. Au bout de quelques secondes, toute la salle, les yeux pétillant de joie, reprenait en chœur ce refrain de façon lancinante avec l’artiste français : « Je suis le Roi du monde… parce que je suis un enfant ! » Un pur moment de bonheur !


Distribution des cadeaux

Ce fut ensuite le défilé des enfants, dans un ordre impeccable sur scène, pour recevoir leurs cadeaux, les yeux pétillants et la tête pleine de rêves, des mains d’un père Noël débordé, aidé par des renforts comprenant Maria Maylin, Pascal Ibata, Francis Lalanne (et oui !), Paulette Decraene, Danièle Marie, et même Christian Burgué, le directeur du CCF qui n’a pas hésité à mettre la main à la pâte. Ils ont distribué sans arrêt différents cadeaux aux enfants qui ont retrouvé le sourire et la joie de vivre : des rollers, des jouets, des cartables, des vêtements, des friandises, etc. La deuxième partie de la journée était consacrée à un goûter offert dans les jardins du Centre Culturel Français.


Des enfants sans lesquels le Congo ne peut prétendre bâtir l’avenir

Interrogé par la presse nationale congolaise sur les raisons de son implication dans les œuvres de bienfaisance réalisées par le CIRA, Francis Lalanne a dit, la main sur le cœur : « le peuple congolais doit être très généreux vis-à-vis de ses enfants sans lesquels il ne peut prétendre bâtir l’avenir du pays. Cultiver le don du partage, a t-il poursuivi, c’est garantir l’avenir de l’humanité ». C’est bien la préoccupation au centre des objectifs du CIRA dont ce proverbe vietnamien suivant résume si bien la pensée « Si tu mises sur l’année, sème le riz. Si tu mises sur 10 ans, plante un arbre. Si tu mises sur l’éternité, soigne les hommes».


Derrière la fête, quels sont les véritables enjeux ?

Le lendemain du spectacle, toute l’équipe du CIRA, accompagnée du Professeur Ngombé Mbalawa, recteur de l’Université Marien Ngouabi, de Brazzaville, du colonel Jean-Marie Mbio, médecin-chef à l’hôpital militaire Pierre Mobengo et d’autres professeurs de médecine congolais ont continué la fête dans les différents établissements de soins et ont distribué les cadeaux.

L’on se rappelle que le CIRA dans un passé récent a généreusement fait bénéficier aux Congolais de soins médicaux et chirurgicaux de pointe. Quelques jours avant cette soirée-spectacle, les membres du CIRA ont effectué des visites de travail dans différents établissements sanitaires de Brazzaville pour mieux planifier une prochaine mission médicale prévue, en principe vers la fin du mois de mars 2003. Il est apparu en particulier d’importants besoins en médicaments. Ces visites se sont déroulées notamment dans le service de pédiatrie du CHU de Brazzaville, les orphelinats des Missionnaires de la Charité (les Sœurs de Mère Théresa) à Bifouiti et de Talakatoum de Moungali et à l’hôpital Pierre Mobengo. Le Comité International pour la Renaissance de l’Afrique est une organisation humanitaire qui vise la santé pour tous en Afrique.

Le CIRA travaille, actuellement en collaboration avec différents partenaires publics et privés, notamment la Coopération française, à une planification d’ensemble sur plusieurs opérations à l’année sur 4 à 6 pays différents sur le continent africain. Une importante visite de travail est également prévue au Maroc, dans les semaines qui suivent. De même le CIRA devrait lancer une opération d’envergure prochainement sur la ville de Pointe-Noire.


Reviens-nous vite !

C’est donc avec beaucoup de regrets que les Congolais ont salué le 13 janvier 2003, le retour à Paris de la délégation du CIRA. Au revoir « Maman Africa » et reviens-nous, vite.
Un grand artiste français, Francis Lalanne, s’engage aux côtés du CIRA